Quels sont les conséquences de la fast fashion sur l’environnement ?

La mode est un secteur qui fait rêver, qui inspire, qui crée du lien. Mais c’est aussi un secteur qui pollue, qui exploite, qui gaspille. Depuis quelques décennies, l’industrie de la mode a adopté un modèle économique basé sur la production et la consommation de masse : la fast fashion. Ce phénomène a des impacts environnementaux désastreux, qui menacent la planète et ses habitants.

Quelles sont les conséquences de la fast fashion sur l’environnement ? Comment réduire son empreinte écologique en matière de mode ? Quelles sont les alternatives possibles pour consommer la mode autrement ? Nous vous proposons de faire le point sur ces questions dans cet article.

 

vêtements issus de la fast fashion

 

La production des matières premières et leur impact environnemental

La première étape de la fabrication d’un vêtement est la production des matières premières. Il existe deux grandes catégories de matières : les matières naturelles, comme le coton, la laine ou le lin, et les matières synthétiques, comme le polyester, le nylon ou l’acrylique. Ces deux types de matières ont des impacts environnementaux différents, mais tous deux très importants.

 

Production intensive de coton : un désastre pour les sols et l’eau

Le coton est la fibre naturelle la plus utilisée dans l’industrie textile. Il représente environ 40% de la production mondiale de fibres. Le coton est cultivé dans plus de 80 pays, principalement en Asie, en Afrique et en Amérique. La production de coton nécessite beaucoup d’eau : il faut environ 10 000 litres d’eau pour produire un kilogramme de coton.

Cela entraîne une surexploitation des ressources hydriques, qui peut conduire à l’assèchement de certains cours d’eau ou lacs. Par exemple, la mer d’Aral, située entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan, a perdu plus de 90% de sa superficie depuis les années 1960 à cause de l’irrigation intensive des champs de coton.

La production de coton nécessite également beaucoup d’engrais et de pesticides chimiques, qui polluent les sols et les nappes phréatiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le coton représente 24% des insecticides et 11% des pesticides utilisés dans le monde, alors qu’il ne couvre que 2,4% des terres cultivées.

Ces produits chimiques sont nocifs pour la santé des agriculteurs et des riverains, qui peuvent développer des maladies respiratoires, cutanées ou neurologiques. Ils sont aussi dangereux pour la biodiversité, en menaçant la survie des insectes pollinisateurs ou des oiseaux.

 

Production déraisonnée de matières synthétiques : une pollution plastique diffuse

Les matières synthétiques sont des fibres artificielles fabriquées à partir de dérivés du pétrole. Elles représentent environ 60% de la production mondiale de fibres. Le polyester est la matière synthétique la plus utilisée dans l’industrie textile. Il présente certains avantages : il est résistant, facile d’entretien, bon marché.

Mais il a aussi un coût environnemental élevé. La production de polyester nécessite beaucoup d’énergie et émet des gaz à effet de serre. Selon une étude du World Resources Institute (WRI), la production d’un kilogramme de polyester émet environ 12 kilogrammes de CO2. Cela représente plus du double des émissions liées à la production d’un kilogramme de coton.

La production de polyester génère également une pollution plastique diffuse. En effet, les vêtements en polyester libèrent des microfibres plastiques lors du lavage, qui se retrouvent dans les eaux usées et les océans. Selon une étude de l’Université de Plymouth, un cycle de lavage d’un vêtement en polyester peut libérer jusqu’à 700 000 microfibres.

Ces microfibres sont ingérées par les animaux marins, qui peuvent s’étouffer ou s’intoxiquer. Elles peuvent aussi remonter la chaîne alimentaire et se retrouver dans nos assiettes. Selon une autre étude de l’Université de Newcastle, un humain moyen ingérerait environ 5 grammes de plastique par semaine, soit l’équivalent d’une carte de crédit.

 

déchets textile de la fast fashion

 

La fabrication ou la transformation des matières premières : un processus polluant

La deuxième étape de la fabrication d’un vêtement est la transformation des matières premières en tissus. Cette étape implique plusieurs opérations, comme le filage, le tissage, le tricotage, l’ennoblissement ou la teinture. Ces opérations ont également un impact environnemental important, notamment en termes de consommation d’eau et de rejets polluants.

 

Consommation d’eau excessive et polluants chimiques

La fabrication des tissus nécessite beaucoup d’eau, notamment pour le lavage, le blanchiment ou le mercerisage. Selon l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), il faut environ 100 litres d’eau pour fabriquer un kilogramme de tissu.

Cette eau est souvent contaminée par des produits chimiques utilisés lors des différentes opérations. Par exemple, le mercerisage consiste à traiter le coton avec de la soude caustique pour lui donner un aspect brillant et soyeux. Le blanchiment consiste à éliminer les impuretés du tissu avec du chlore ou du peroxyde d’hydrogène. Ces produits chimiques sont toxiques pour l’environnement et pour la santé humaine.

La fabrication des tissus synthétiques nécessite également des solvants organiques, comme le diméthylformamide (DMF) ou le diméthylacétamide (DMAc), qui sont utilisés pour dissoudre les polymères et former les fibres. Ces solvants sont volatils et peuvent s’évaporer dans l’air ou se retrouver dans les eaux usées. Ils sont classés comme cancérigènes probables ou possibles par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Ils peuvent aussi provoquer des irritations cutanées, des troubles respiratoires ou des atteintes au foie ou aux reins.

 

La question des teintures textiles et de leurs rejets

La teinture est une opération qui consiste à colorer les fibres ou les tissus avec des colorants. La teinture est une source majeure de pollution de l’eau dans l’industrie textile. Selon Greenpeace, la teinture représente environ 20% de la pollution mondiale des eaux industrielles.

Les colorants utilisés sont souvent synthétiques et contiennent des métaux lourds, comme le chrome, le cuivre ou le zinc, qui sont nocifs pour les écosystèmes aquatiques et pour la santé humaine. Certains colorants contiennent aussi des substances azoïques, qui peuvent se dégrader en amines aromatiques, qui sont des composés cancérigènes. Selon l’Union européenne, il existe plus de 3000 substances azoïques différentes, dont 22 sont interdites dans les produits textiles destinés au marché européen.

La teinture génère également une grande quantité d’eaux usées, qui sont souvent rejetées sans traitement dans les rivières ou les lacs. Ces eaux usées sont chargées en colorants, en sel, en alcalis, en acides ou en agents fixateurs.

Elles altèrent la qualité de l’eau et réduisent la quantité d’oxygène dissous, ce qui entraîne la mort des organismes vivants. Par exemple, en Chine, le fleuve Yangzi Jiang est surnommé le « fleuve aux mille couleurs » à cause des rejets des usines textiles qui changent la couleur de l’eau selon les teintures utilisées.

 

Le coût environnemental du transport dans l’industrie de la fast fashion

La troisième étape de la fabrication d’un vêtement est le transport des matières premières, des tissus ou des produits finis. Le transport est une source importante d’émissions de gaz à effet de serre dans l’industrie de la fast fashion.

En effet, la fast fashion repose sur une logique de délocalisation et de fragmentation de la production, qui implique des distances importantes entre les différents lieux de fabrication. Par exemple, un vêtement peut être conçu en France, fabriqué en Chine, teint au Bangladesh, et vendu aux Etats-Unis.

Selon l’ADEME, le transport représente environ 10% des émissions de CO2 liées à la fabrication d’un vêtement. Le transport aérien est le plus polluant, suivi du transport routier, du transport maritime et du transport ferroviaire.

Le transport génère aussi une problématique liée au packaging et au suremballage. Les vêtements sont souvent emballés individuellement dans des sachets plastiques, puis regroupés dans des cartons, qui sont eux-mêmes enveloppés dans du film plastique. Ces emballages sont jetés après usage et contribuent à la production de déchets plastiques. Selon l’ADEME, le packaging représente environ 3% des émissions de CO2 liées à la fabrication d’un vêtement.

 

L’entretien des produits textiles et ses conséquences sur l’environnement

La quatrième étape de la fabrication d’un vêtement est l’entretien des produits textiles par les consommateurs. L’entretien des vêtements a également un impact environnemental non négligeable, notamment en termes de consommation d’eau, d’énergie et de produits lessiviels.

 

Impact des lessives sur la pollution de l’eau

Laver ses vêtements nécessite de l’eau et des produits lessiviels. Selon l’ADEME, il faut environ 40 litres d’eau pour faire une machine à laver. Les produits lessiviels contiennent des tensioactifs, des agents blanchissants, des enzymes, des parfums ou des conservateurs, qui sont rejetés dans les eaux usées après le lavage.

Ces substances peuvent avoir des effets néfastes sur l’environnement et sur la santé humaine. Par exemple, les tensioactifs peuvent réduire la tension superficielle de l’eau et perturber les échanges gazeux entre l’eau et l’air. Les agents blanchissants peuvent libérer du chlore ou du brome, qui sont des halogènes toxiques. Les enzymes peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes.

Laver ses vêtements peut aussi entraîner la libération de microfibres plastiques, comme nous l’avons vu précédemment. Ces microfibres peuvent passer à travers les filtres des machines à laver ou des stations d’épuration et se retrouver dans les milieux aquatiques. Selon une étude du WWF (World Wildlife Fund), un Européen moyen rejette environ 176 000 microfibres par an lors du lavage de ses vêtements.

 

Energie dépensée pour le lavage et le séchage

Laver et sécher ses vêtements nécessite aussi de l’énergie électrique. Selon l’ADEME, il faut environ 1 kWh pour faire une machine à laver et 2 kWh pour faire un cycle de sèche-linge. Cette énergie provient souvent de sources fossiles ou nucléaires, qui émettent des gaz à effet de serre ou produisent des déchets radioactifs. Selon l’ADEME, l’entretien représente environ 40% des émissions de CO2 liées à la fabrication d’un vêtement.

A savoir : si cet article vous intéresse, découvrez notre article sur les slow cosmétique.

 

 

Le gaspillage vestimentaire : symptôme majeur de la fast fashion

La cinquième et dernière étape de la fabrication d’un vêtement est le gaspillage vestimentaire. Le gaspillage vestimentaire est le fait de jeter ou de ne pas utiliser des vêtements qui sont encore en bon état. Le gaspillage vestimentaire est un phénomène qui s’est accentué avec la fast fashion, qui encourage la surconsommation et l’obsolescence des produits textiles.

Selon l’ONU (Organisation des Nations Unies), la fast fashion produit environ 92 millions de tonnes de déchets textiles par an dans le monde. Ces déchets ont des impacts environnementaux et sociaux importants.

 

La durée de vie de plus en plus courte des produits textiles

La fast fashion repose sur un renouvellement constant des collections, qui incite les consommateurs à acheter toujours plus de vêtements, souvent à bas prix et de mauvaise qualité. Ces vêtements sont rapidement démodés, abîmés ou oubliés dans les placards.

Selon l’ADEME, un Français moyen achète environ 12 kilogrammes de vêtements par an, mais n’en utilise que 3 kilogrammes. La durée de vie moyenne d’un vêtement est passée de 200 jours en 2000 à 100 jours en 2015. Selon l’ONU, un vêtement sur deux est jeté dans l’année qui suit son achat.

Le gaspillage vestimentaire représente une perte de ressources considérable, puisque les vêtements jetés ont nécessité de l’eau, de l’énergie, des matières premières et du travail pour être fabriqués. Selon l’ONU, la valeur globale des vêtements jetés chaque année est estimée à 460 milliards de dollars.

Le gaspillage vestimentaire est aussi une source d’inégalités sociales, puisque les pays développés consomment et jettent beaucoup plus de vêtements que les pays en développement.

 

Production de déchets et atteinte à la biodiversité

Les vêtements jetés sont souvent enfouis ou incinérés, ce qui génère des émissions de gaz à effet de serre ou des polluants atmosphériques. Selon l’ONU, l’industrie textile est responsable de 10% des émissions mondiales de CO2. Les vêtements jetés peuvent aussi se retrouver dans la nature, où ils se dégradent lentement et libèrent des microfibres plastiques ou des substances chimiques.

Selon l’ONU, les déchets textiles représentent 4% des déchets marins. Les déchets textiles sont aussi une menace pour la biodiversité, en occupant l’espace vital des espèces animales ou végétales, en modifiant leurs habitats ou en perturbant leurs cycles biologiques.

 

usine de la fast fashion

 

Quelles solutions pour contrer les effets néfastes de la fast fashion ?

Face aux conséquences désastreuses de la fast fashion sur l’environnement, il est urgent d’agir pour réduire son impact écologique. Il existe plusieurs solutions possibles, qui impliquent à la fois les acteurs de la production et les consommateurs.

 

Vers une consommation consciente et éco-responsable

La première solution est de changer nos habitudes de consommation et d’adopter une attitude plus consciente et éco-responsable. Cela passe par plusieurs gestes simples, comme :

Acheter moins mais mieux : privilégier la qualité à la quantité, choisir des vêtements durables, intemporels et polyvalents, vérifier la composition et l’origine des produits, éviter les achats impulsifs ou compulsifs.

Prendre soin de ses vêtements : respecter les consignes d’entretien, laver à basse température et à pleine charge, utiliser des produits lessiviels écologiques, éviter le sèche-linge, réparer les petits accrocs ou les boutons manquants.

Donner une seconde vie à ses vêtements : trier ses placards et se séparer des vêtements que l’on ne porte plus, les donner à des associations caritatives ou à des proches, les vendre sur des plateformes en ligne ou dans des vide-dressing, les recycler ou les transformer.

 

Promotion de la second hand, du recyclage et de l’upcycling

La deuxième solution est de promouvoir la second hand, le recyclage et l’upcycling. La second hand consiste à acheter ou à vendre des vêtements d’occasion, qui ont déjà été portés par d’autres personnes. Le recyclage consiste à transformer des vêtements usagés en de nouveaux produits, comme des isolants, des chiffons ou des fibres.

L’upcycling consiste à valoriser des vêtements usagés en leur donnant une nouvelle forme ou une nouvelle fonction, comme des sacs, des coussins ou des bijoux. Ces pratiques permettent de réduire la production de déchets textiles, de prolonger la durée de vie des vêtements et de limiter la consommation de ressources.

La seconde main, le recyclage et l’upcycling sont des tendances qui se développent de plus en plus, grâce à l’émergence de nouveaux acteurs, comme des plateformes en ligne, des boutiques spécialisées ou des ateliers créatifs.

Selon une étude du cabinet ThredUp, le marché mondial de la seconde main devrait atteindre 64 milliards de dollars en 2024, soit plus que le marché de la fast fashion. Selon une autre étude du cabinet McKinsey, le taux de recyclage des vêtements devrait passer de 13% en 2016 à 24% en 2030.

 

Les nouveaux modèles économiques : location, échanges, etc.

La troisième solution est d’explorer de nouveaux modèles économiques, qui remettent en question la propriété et la possession des vêtements. Il s’agit par exemple de la location, des échanges, du troc ou du partage. Ces modèles permettent de diversifier sa garde-robe sans acheter de nouveaux vêtements, de réduire son impact environnemental et de favoriser le lien social.

Ces modèles sont aussi adaptés aux besoins spécifiques des consommateurs, comme les occasions particulières, les changements de taille ou les envies de nouveauté.

La location, les échanges, le troc ou le partage sont des modèles qui se démocratisent également, grâce à l’apparition de nouveaux acteurs, comme des sites web, des applications mobiles ou des espaces physiques.

Selon une étude du cabinet BCG (Boston Consulting Group), le marché mondial de la location et du partage de vêtements devrait atteindre 2 milliards de dollars en 2023, soit une croissance annuelle moyenne de 20%. Selon une autre étude du cabinet Bain & Company, le nombre d’utilisateurs de ces services devrait passer de 25 millions en 2018 à 150 millions en 2023.

 

Conclusion

La fast fashion est un phénomène qui a bouleversé l’industrie de la mode et qui a eu des conséquences dramatiques sur l’environnement. Face à ce constat alarmant, il est indispensable de prendre conscience de l’impact écologique de nos choix vestimentaires et d’agir pour réduire notre empreinte carbone.

Il existe heureusement des solutions pour consommer la mode autrement, en privilégiant la qualité à la quantité, en valorisant les produits existants et en explorant les nouveaux modes de consommation. Ces solutions sont bénéfiques pour l’environnement, mais aussi pour la société et pour nous-mêmes.

Elles nous permettent de nous reconnecter avec nos vêtements, avec les personnes qui les fabriquent et avec celles qui les portent. Elles nous permettent aussi d’exprimer notre personnalité, notre créativité et nos valeurs. Elles nous permettent enfin d’accéder à une mode plus respectueuse, plus durable et plus éthique.

Si ce sujet autour de l’impact de l’industrie du textile sur l’environnement, découvrez nos articles suivants :

Comment agir pour protéger l’environnement ?

Code de l’environnement : les objectifs

L’impact des pesticides sur l’environnement

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